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La Maison des Artistes, Paris: Vente aux enchères au profit des artistes haïtiens

A l’initiative de La Maison des Artistes et du Collectif 2004 images (pour la promotion de la culture haïtienne), une vente aux enchères d’œuvres offertes par vous, par nous, artistes du monde entier, se tiendra début juin 2010 à Paris, à l'Hôtel Salomon de Rothschild.

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« Sables », la poésie transcende les clivages culturels. Salah Al Hamdani, Marlena Braester (Notes de lecture, Bernard Mazo,

« Sables », la poésie transcende les clivages culturels. Salah Al Hamdani, Marlena Braester (Notes de lecture, Bernard Mazo, dans la revue "Texture")  
  
A l’heure ou le conflit israélo-palestinien ne laisse entrevoir aucune lueur d’espoir, la poésie demeure plus que jamais, pour les partisans de la paix, la seule arme qui peut transcender les clivages ethniques et l’aveuglement mortifère des deux peuples que la haine de l’autre embrase.
Marlena Braster, née en Roumanie, vit depuis 1980 en Israël. Salah Al Hamdani, Irakien lui, est né à Bagdad et s’est exilé en France en 1975. De leur rencontre est né, avec la complicité du peintre Robert Lobet, le projet de « Sables » (Editions de la Margeride)

Ilana Shmueli/Marlena Braester (entretien) - Hommage à  Paul Celan - Continuum No. 6

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Le soir déjà je l'avais cueillie dans mon jardin. Rouge. Pas encore ouverte. Presque fermée comme personne sait l'être. Jérusalem, le 20 août 2009. Jeudi caniculaire avec tout ce qui s'en suit. "Je vous ai apporté une rose. De personne." Ilana sourit, la prend et s'en occupe longuement; lentement, silencieuse; elle choisit un vase transparent mince et grand comme la tige de la rose. Elle s'affaire longuement autour de la rose. La tige est trop longue; elle observe la proportion entre la tige et le vase et coupe; elle la pose sur une tablette adossée au mur en face des canapés où nous allons nous asseoir pour parler. Juste devant nous; Je me dis qu'elle sera là devant nous présente pendant toutes ces heures où nous allons parler de Celan et de son œuvre. Et d'elle.


MB: Parlons de la rose. Et parlons de Personne. Non. Parlons en présence de la rose.
IS: On en a beaucoup parlé. Et c'était vrai. Et ce n'était pas vrai. Les poèmes de Celan laisseront toujours au lecteur des libertés extrêmes, effaçant leurs contextes; car il tenait beaucoup à lui laisser la possibilité d'y mettre ses propres contextes.

MB: Vous dites "constellations de contextes"…matière de vie?
IS: Oui, chaque poème naît d'une constellation de contextes, sans laquelle il serait un autre poème; pour Celan, chaque poème faisait partie de sa vie, on ne pouvait pas l'en séparer; cependant, le poème gardait son unité et son autonomie afin de rendre possible une lecture très personnelle, voire plusieurs lectures personnelles.

MB: Dans vos souvenirs, Paul est resté un enfant exubérant, mais en même temps vous parlez et de son extrême vulnérabilité, de ses humeurs, de sa sensibilité "sismographique". N'y a-t-il pas quelque chose de contradictoire dans l'évolution de l'enfant vers l'adulte? Je pense aussi à sa fin tragique…
IS: Enfant, il a été gâté par sa mère et par ses tantes qui l'entouraient de leur amour soucieux. Adulte aussi, il pouvait être très exubérant; mais il a été toute sa vie quelqu'un de très dépendant de ses humeurs qui pouvaient changer instantanément. De l'extérieur, on ne comprenait pas pourquoi, puisqu'il n'expliquait jamais. Blessé par le moindre détail, il se renfermait tout à coup dans sa mauvaise humeur et cela pouvait être en même temps très blessant pour les autres. Ses interprétations ne correspondaient pas toujours à celles des autres. Il lui est arrivé quelquefois de s'expliquer des années après. Il m'est arrivé aussi de comprendre la vraie raison d'un changement d'humeur des années plus tard. Dans un livre de souvenirs que je viens de découvrir par hasard, Dürrenmatt, qui avait rencontré Celan, décrit très bien, d'une part, son côté exubérant et joyeux, de quelqu'un qui sait amuser les gens autour de lui, d'autre part, ses humeurs et ses comportements souvent inexplicables.
MB: Quand vous parlez, dans la préface de la Correspondance (cf. la bibliographie ci-dessous), des années 1938-39 et 40-41 vous décrivez ces rencontres où vous lisiez des poèmes, discutiez et écoutiez de la musique ensemble; vous étiez un groupe de jeunes (c'était vous la plus jeune) et de professeurs et de poètes: "nous avions réussi à créer un contre-monde"…"un monde parallèle magique"… "nous parlions de séparation, de révolte, d'espoirs indestructibles, de… mort volontaire "! Et vous racontez aussi vos longues promenades à Czernowitz avec Celan. Je trouve étonnants ces sujets, maintenant, dans la perspective de son suicide.
IS: C'était dans un contexte tragique en ce qui me concernait: le suicide de ma sœur et d'une amie à moi. Paul voulait en parler, et on en discutait longuement, on essayait de comprendre. "Monde magique"? Oui, l'ambiance de notre groupe de jeunes était spirituellement très effervescente.
MB: L'année qu'il a vécue à Bucarest a été très "réussie", dit-on. De quel point de vue?
IS: C'est surtout grâce à l'amitié et aux liens très forts du groupe d'amis qui s'était constitué à Bucarest, cet "être-ensemble" de la clandestinité de leurs opinions à l'encontre des événements. Celan était très lié à Petre Solomon, ils s'amusaient bien ensemble, leur vie était pleine de joie, ils aimaient boire et faire la fête; ils écrivaient des aphorismes ensemble. Et c'est là qu'on peut déceler le sens de l'humour de Celan dont on ne parle pas beaucoup. En fait, ce sens de l'humour n'existe pas dans son écriture poétique. Il avait un humour très fin dans la vie quotidienne: il observait attentivement les gens et il s'amusait des fois à imiter les gens, à se moquer de leurs vaines prétentions. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne savait pas écouter ses interlocuteurs avec gravité; son attention était telle que celui qui se trouvait devant lui avait le sentiment d'être la personne la plus importante au monde pour lui à ce moment-là.
MB: Paris a été la ville de ses rêves…
IS: C'était vrai pour son jeune âge - ce genre d'idéalisation bien connue; quant à ses dernières années, il détestait Paris où il a vécu des choses terribles. Il s'y sentait exilé.
MB: Vous vous retrouvez en effet à Paris en 1965, après 21 ans de séparation? Comment a été le moment des retrouvailles?
IS: Le tout premier moment a été amusant: moi, j'avais mis des boucles d'oreille spécialement pour la rencontre et lui, il me les a enlevées avant même de me dire bonjour…En ce qui me concerne, en le voyant, j'ai tout de suite remarqué qu'il avait beaucoup changé, il y avait une lourdeur dans toute son allure, il passait une mauvaise période. Mais très vite, nous avons trouvé – ou retrouvé – une langue commune et nous en étions nous-mêmes étonnés!

MB: J'ai retenu, dans une de vos lettres du mois de mars 1970, votre formule : "tes solitudes à Paris", comme si ses solitudes se multipliaient sans cesse.
IS: C'est vrai, il était fait pour vivre de conflits et de solitudes.
MB: Et Jérusalem? Y était-il attiré par la force magnétique provenant de son méridien? L'a-t-il ressenti comme un recommencement?
IS: Il et venu à Jérusalem sur le trajet de son méridien, trajet qui incluait les lieux qui l'ont formé: Czernowitz, Bucarest, Vienne, Paris – le trajet de sa création, le méridien qui passe entre les pôles et revient à soi-même. Il le dit dans les poèmes qui ont suivi sa venue en Israël.
MB: Le 8 octobre 1969, il participe à une rencontre poétique à Jérusalem dont il a été très content en vous confiant que c'était exactement la soirée qu'il attendait. Que voulait-il dire?
IS: Ce qui l'a rendu heureux a été l'écoute extrêmement attentive du public, où se trouvaient, entre autres, Gershom Sholem, Dan Pagis, Manfred Winkler; des gens qu'il appréciait beaucoup.
MB: Pendant cet unique séjour en Israël, il vous a beaucoup parlé du sentiment d'appartenance. Combien d'appartenances peut-on décrire chez Celan?
IS: Il voulait tellement appartenir au sens fort du mot, mais voilà encore une des contradictions de sa vie: il voulait appartenir aux lieux, mais il ne pouvait pas, il voulait en même temps fuir; ses appartenances étaient virtuelles, c'tait des rêves: la maison, le paysage de l'enfance, l'atmosphère, les odeurs des saisons de notre jeunesse, tout ce monde qui s'est effondré. Il ne pouvait plus être heureux nulle part.
MB: Il vous a écrit dans une lettre datée le 6 mars 1970: "il se fait tard dans ma vie, et ce avant l'heure. Si j'étais en pleine possession de mes forces, j'irais en Israël, sans illusions, mais j'irais." Etait-ce trop tard?
IS: Oui, d'ailleurs il est arrivé en Israël avec son désir de transformer l'impossible en possible au moins pour un court instant.
MB: Celan vous a écrit que vous saviez "réveiller des acuités". Qu'est-ce qui vous liait si profondément, qu'est-ce qu'il cherchait en vous?
IS: Il cherchait en moi son passé à Czernowitz, son enfance, sa jeunesse avec ses premières "appartenances", l'amitié la plus profonde qui vient de loin, de très loin: le "jadis". Mais, en même temps, j'étais pour lui la femme juive israélienne: qui vit et travaille en Israël, qui parle l'hébreu.
MB: Est-ce le même "jadis"? Celan s'accroche à ce jadis à des époques différentes, à des distances différentes par rapport au passé: vos dialogues se renouvellent ; alors ce "jadis" prend-il de nouvelles significations à chaque rencontre, de nouvelles dimensions, de nouvelles résonances?
IS: De fait, il ne s'est jamais séparé de son lieu d'origine; tout en vivant dans l'Europe occidentale, c'était évident que son cœur était resté dans l'Europe de l'Est.
MB: Sa poésie a une densité minérale, concentrée, chaque détail est important: chaque pause, chaque souffle, les mots agglutinés, les néologismes, les arrêts inattendus? Dans une lettre des 20-21 novembre 69, vous lui écrivez: " Je vis beaucoup avec tes poèmes: je ne sais pas pourquoi on les dit si souvent énigmatiques, isolés de tout, chiffrés…Ils sont comme des ombres à double sens…"
IS: Ses poèmes ont changé toute ma compréhension de la poésie, j'ai appris avec sa poésie, la langue celanienne, l'allemand celanien.
MB: Etait-il intéressé par la traduction de ses propres poèmes?
IS: La traduction de ses poèmes en français ne le préoccupait pas beaucoup; mais il s'est traduit lui-même – une traduction mot-à-mot - pour Gisèle, sa femme. Quant à la traduction en hébreu de ses poèmes, oui, il en a beaucoup parlé avec Manfred Winkler, son traducteur, à Jérusalem, cela l'intéressait beaucoup.
MB: D'autre part, comme il était un poète de langue allemande vivant à Paris, sans être traduit, il se sentait incompris, voire écarté de la vie littéraire.
IS: Oui, il avait ce sentiment, mais c'était exagéré, car il avait tout de même son milieu où on l'appréciait beaucoup.
MB: Quels sont ses poèmes qui vous sont les plus chers?
IS: Evidemment, ceux que nous avons pratiquement vécus et écrits ensemble, comme notre journal commun: les vingt-six poèmes écrits après Jérusalem; ces poèmes représentent une naissance de nous deux, ils racontent notre histoire. Cependant, La majorité des poèmes qu'il m'a envoyés – je l'explique dans la préface de la Correspondance - devraient aussi être interprétés dans une perspective juive: telle une aspiration vers le pays juif, la patrie qu'il laissa dans l'attente".
MB: Et vos poèmes, qui sont aussi lapidaires que ceux de Celan, vous les avez écrits tardivement?
IS: Oui, j'ai commencé à écrire des poèmes très tard, d'abord en hébreu, puis en allemand*. Dans mes premiers poèmes, on retrouve des mots et des images de Celan que je reprends et continue: mes poèmes sont en dialogue avec ses poèmes. Ce n'est qu'après que mes poèmes ont suivi leur propre voie.

*Ilana Shmueli, Zwicshen dem Jetzt und dem Jetzt, Gedichte, ed. Rimbaud TKG, Achen, 2007



Dans le miel noir du rêve - Notes de lecture - \"Presque v'île\" (Serge Martin)

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Marlena Braester, Presque v’île, poèmes, éditions Caractères, collection « francophonie », 2009, 96 p., 15 €.



Si le sous-titre générique porte le pluriel, il ne fait pas pour autant de ce livre un recueil au sens où seraient rassemblés des poèmes disparates que le ton de l’auteur, celui des rêveries ou plus précisément comme l’indique l’incipit du « miel noir du rêve », viendrait unifier ou même qu’une thématique tiendrait ensemble : ici les rêves urbains ou ce que j’appellerais l’urbain des rêves, cette échappée de la ville en v’ïle… Certes, le livre trouve sa voix et la voix est bien celle d’une déambulation dans les nuits du poème, mais ce dernier livre de Marlena Braester trouve le continu d’un vertige qui ne cesse de se démultiplier, de résonner à la fois dans les deux registres qui organisent le livre, celui des lignes pleines de proses et celui des proses pleines de rythmes. Car dans ce livre, rien ne se fixe puisque la visée qui est et fait la trouvaille c’est « l’indépassable inaccompli ». On sait que Marlena Braester vit à Haïfa et l’on peut écouter de nombreux échos à ce que cette ville qui plonge dans la mer en retardant dans chacune de ses rues ce vertige des descentes. Mais ces échos résonnent d’autres villes, de lointains et d’altérités, de rêves et d’expériences qui surgissent sans cesse dans ces descentes parce que « cette nuit en face » fait venir les vagues, les villes parce que « tous les cercles fermés bougent ». Ce livre de poèmes trouve le poème de ce mouvement incessant qui glisse « vers la mer promise ». On pourrait si cela n’était pas quelque peu pris dans des effets de mode parler de déterritorialisation au sens de Gilles Deleuze mais on raterait ce qui fait la voix de ce poème dans son incessant déplacement d’une douleur et d’une jouissance, d’un cri et d’un silence pour écouter ce qui ne cesse de pencher dans une traversée fulgurante et lente, sombre et éblouissante… D’aucuns liraient avec ce livre un surréalisme actif quand il s’agirait plutôt de l’écoute d’une temporalité et d’une spatialité à la fois multiples et par leur hypersubjectivation même inouïes c’est-à-dire plus que réelles, toujours en commencements comme le vertige est le possible de la chute, le glissement saisissant avant que d’atteindre ce qui n’est plus le mouvement, le rythme, ce sujet impossible mais que seul le poème fait vivre. J’ai parlé de sujet impossible : quel est-il ? Il est justement ce vertige et donc inassignable à une seule individuation et encore moins à une assignation qui l’objectiverait. Ville, rue, je, temps, blanc, etc. : « ce n’est pas moi / mais un rythme ». Le livre s’écrit et se lit dans un dessaisissement : « tu te laisses porter par ces pentes en toi ». Le sujet est alors ce néologisme qui n’a rien d’un jeu de mots puisque c’est une expérience que ce poème continué du vertige trouve comme à son acmé : « villisible » où toutes les catégories se défont pour ne plus laisser faire que le glissement d’un av’îlissement – ce travail d’un continent qui tient les îles sous la mer, les îles comme des « chambres à l’âme maritime » que sont ces poèmes du continu du rêve d’un « nu-temps » de l’écriture égarée. C’st toute la force de ce livre : son échappée non dans un après-dire mais dans un avant-dire un peu comme le rêve tient sa force non de son interprétation mais de son irruption qui ne cesse de continuer. Marlena Braester avec ce livre a trouvé le don du poème : une lucarne sur la/le villisible… Oui, tout au long de ce livre, je n’ai cessé de lire la marée montante du poème-Reverdy et l’invention de l’amour du poème-Luca. Mais il faut une puissance d’effacement rare pour qu’aujourd’hui puisse s’entendre autre chose qu’une répétition : un rythme plein de rythmes, de sujets, de villes, de mondes, d’îles « dans le miel noir du rêve ».


« Sables », la poésie transcende les clivages culturels. Salah Al Hamdani, Marlena Braester (Notes de lecture, Bernard Mazo,

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A l’heure ou le conflit israélo-palestinien ne laisse entrevoir aucune lueur d’espoir, la poésie demeure plus que jamais, pour les partisans de la paix, la seule arme qui peut transcender les clivages ethniques et l’aveuglement mortifère des deux peuples que la haine de l’autre embrase.
Marlena Braster, née en Roumanie, vit depuis 1980 en Israël. Salah Al Hamdani, Irakien lui, est né à Bagdad et s’est exilé en France en 1975. De leur rencontre est né, avec la complicité du peintre Robert Lobet, le projet de « Sables » (Editions de la Margeride)




Voici un livre d’artiste pas comme les autres. Deux voix poétiques, que le conflit sanglant qui déchire la Palestine aurait pu irréductiblement séparer, ont décidé de placer en correspondance leur registre personnel :Salah Al Hamdani choisissant deux textes qu’il avait écrits en arabe et les traduisant avec l’aide de sa compagne Isabelle Lagny, en français, nous permet de lire ces poèmes en arabe et en français.
De son côté, Marlena Braester, qui est francophone et vit depuis trente ans en Israël, a choisi un de ses poèmes écrit en français qu’elle a fait traduire en hébreu par l’un des plus grands poète israélien contemporain : Ronny Someck.
Ainsi réunis par notre langue, nous pouvons lire en arabe et en hébreu les poèmes de ces deux écrivains qui, très symboliquement, témoignent que la poésie est universelle, qu’elle transcende les barrières ethniques et culturelles, qu’elle est la plus belle passerelle entre les hommes de bonne volonté, qu’elle peut enfin faire entendre son chant par-dessus le tumulte meurtrier des armes. Leur livre est rehaussé magnifiquement par les illustrations du peintre Robert Lobet.

Sables
Dans cette plaquette où les illustrations de Robert Lobet esquissent la nudité fascinante du désert, des illustrations inscrites sur un beau et extrêmement mince papier calque translucide, les deux poètes nous donnent à litre des textes brefs et lapidaires. Salah Al Hamdani inaugure le livre, avec une suite intitulée « L’attente et les choses » écrite en arabe, suivi de sa traduction en français en collaboration avec sa compagne Isabelle Lagny où l’on peut lire ces vers : « (…) et une mère me guette par la fente entre les frontières / Faudra-t-il le frémissement d’un songe/pour que mon appel me conduise jusqu’à elle ? (…) ». On aura deviné que la mère dont le poète est séparé depuis si longtemps est aussi le visage emblématique de Bagdad jamais oubliée.
Quant à Marlena Braester, elle nous donne à lire, d’abord dans la traduction en hébreu du poète israélien Ronny Someck, la suite intitulée « Les pèlerins du désert » écrit en français, sa langue d’adoption puisqu’elle n’écrit plus en roumain.
Ce long poème évoque pour nous dans une langue resserrée, dépouillée comme les dunes du désert, ces hommes à la vie ascétique, errants ancestraux de ces territoires immuables, seules espaces de liberté pour leur habitus immémorial : « nous, les pèlerins du désert / - les corps tremblants dans leurs contours-/ nos ombres nous précèdent dans la marche / dans sa veillée diffuse / il a soif le désert l’horizon est si proche (…) – l’horizon de la soif nous appelle ».
Puisse ce livre d’une connivence culturelle unique, où la langue arabe et la langue hébraïque, réunis par notre langue, chantent à l’unisson par-dessus le tumulte des armes annoncer d’autres rencontres qui raviveront la flamme tremblante d’un fragile espoir de paix entre ces deux peuples déchirés.



"La voix poétique de Marlena Braester est d’une grande transparence ; poète de l’interrogation du réel pouvoir de la poésie, laissant le silence vibrer entre les mots proférés, son écriture fragmentée, parfois brisée épouse un lyrisme contenu, voire elliptique. Un imperceptible voile de mélancolie, comme une brisure intime, se révèle dans ses poèmes : « Il avance dans la voix, il a froid dans les mots, / Son visage passe comme la nuit/dans l’épaisseur de la vue./ Il ne s’approche pas il s’éloigne,/ Pourvu que les mots avancent. »"

Bernard Mazo

Critique et essayiste

Né en 1939 à Paris, Bernard Mazo codirige le mensuel de poésie "Aujourd'hui poème". Il est aussi secrétaire général du Prix Apollinaire et membre de l'Académie Mallarmé.

Parmi ses derniers recueils : La vie foudroyée (le dé bleu, 1999). Il figure dans nombre d'anthologies dont La poésie contemporaine de Serge Brindeau, La nouvelle poésie française de Bernard Delvaille, Histoire de la poésie française de Robert Sabatier, La poésie française contemporaine de Jean Orizet parue en 2004.

DORINA PADINEANU

Biblioteca Judeteana "George Baritiu" si Alianta Franceza Brasov prezinta, in luna februarie, in spatiul Mediatecii Franceze din Casa Baiulescu, B-dul Eroilor Nr.33 expozitia de pictura

         "VECHIUL BRASOV"
         ( acuarela, pastel )
         DORINA PADINEANU

                                                             

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